vendredi 12 mars 2021

Il y a une raison pourquoi aucun gouvernement n’a fait une analyse coûts-bénéfices des confinements...

Les confinements n’en valaient pas la peine, c’est que conclut une longue étude de Philippe Lemoine. Pour lui, il y a une raison pour laquelle aucun gouvernement n’a fait une analyse coûts-bénéfices: la politique échouerait sûrement.

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a annoncé la semaine dernière que son État mettait fin à l’obligation du port de masque et au nombre maximum de chalands dans les commerces. Alors que les démocrates et de nombreux responsables de la santé publique ont dénoncé cette décision, de nombreuses données existent maintenant pour démontrer que les avantages de mesures strictes ne valent pas les coûts associés à celles-ci.

Montréal pendant le confinement

Cela n’a pas toujours été le cas. Il y a un an, j’avais publiquement préconisé de confiner parce que cela semblait prudent étant donné le peu de connaissances à l’époque sur le virus et ses effets. Mais confiner la société est devenu l’option par défaut des gouvernements du monde entier, quel qu’en soit le coût.

Plus d’un an après le début de la pandémie, la vaccination est en cours en Europe et aux États-Unis. Pourtant, des restrictions strictes sont toujours en place des deux côtés de l’Atlantique. L’Allemagne, l’Irlande et le Royaume-Uni sont toujours soumis à des restrictions rigoureuses, tandis que la France impose un couvre-feu à 18 heures depuis deux mois à 18 heures. Couvre-feu qui, selon le gouvernement français, durera au moins quatre semaines supplémentaires. Dans de nombreux États américains, l’enseignement en personne est encore rare dans les écoles.

À cette époque l’an dernier, nous ne savions pas du tout à quel point il serait difficile de maîtriser le virus. Compte tenu de la rapidité de sa propagation, les gens ont fait l’hypothèse raisonnable que la majeure partie de la population serait infectée dans quelques semaines à moins que nous ne réduisions d’une manière ou d’une autre la transmission. Les projections de l’équipe d’intervention Covid-19 de l’Imperial College à Londres prévoyaient que plus de deux millions d’Américains pourraient mourir en quelques mois. Un confinement réduirait la transmission, et même s’il ne pouvait pas empêcher toutes les infections, il empêcherait les hôpitaux d’être submergés. Cela « aplatirait la courbe ».

Nous avons appris depuis lors que le virus ne se propage jamais de manière exponentielle pendant très longtemps, même en l’absence de restrictions strictes. L’épidémie recule toujours bien avant que l’immunité collective ne soit atteinte. Comme je l’écris dans un rapport pour le Center for the Study of Partisanship and Ideology, [même sans confinement décrété par le gouvernement] les gens ont peur et changent de comportement à mesure que les hospitalisations et les décès augmentent. Ceci, à son tour, réduit la transmission.

J’ai examiné plus de 100 régions et pays. Aucun n’a connu la croissance exponentielle de la pandémie se poursuivre jusqu’à ce que l’immunité collective ne soit atteinte, que le gouvernement ait décrété ou non un confinement ou toute une autre mesure stricte. Les gens reviennent après un certain temps baisse leur garde. Quand ils le font, le virus recommence à se propager. C’est pourquoi nous voyons partout la « forme en U inversé » des cas et des décès.

La Suède a été la première à tirer cette leçon, mais de nombreux autres pays l’ont confirmée. Initialement considérée comme une catastrophe par de nombreux partisans des confinements, la Suède s’est retrouvée avec un taux de mortalité par habitant indiscernable de celui de l’Union européenne [ou du Québec]. Aux États-Unis, la politique de non-intervention de la Géorgie était autrefois qualifiée d’« expérience de sacrifice humain » par The Atlantic. [Voir Radio-Canada Coronavirus — Les médias ont-ils fait preuve d’alarmisme ? mentionne Géorgie où la situation se dégraderait selon la SRC (c’était faux) et revenait en même temps la Grippe espagnole, épouvantail très utile et spectre souvent utilisé.] Mais comme la Suède, la Géorgie a aujourd’hui un taux de mortalité par habitant qui est en fait le même que celui du reste du pays.

On voit que le nombre de morts par 100 000 habitants au Québec, en Suède, en Italie et en France est quasiment le même, malgré les politiques anti-Covid fort variées de ces pays.

Cela ne veut pas dire que les restrictions n’ont aucun effet. Si la Suède avait adopté des restrictions plus strictes, il est probable que l’épidémie aurait commencé à reculer un peu plus tôt et l’incidence aurait chuté un peu plus vite. Mais la politique n’a peut-être pas autant d’importance que les gens l’ont supposé. Les confinements peuvent détruire l’économie, mais on commence à penser qu’ils ont un effet minimal sur la propagation de Covid-19.

Après une année d’observation et de collecte de données, les arguments en faveur des confinements sont nettement moins convaincants. Personne ne nie que des hôpitaux surchargés sont une mauvaise chose, mais c’est aussi vrai de priver les gens d’une vie normale, y compris les enfants qui ne peuvent pas aller à l’école ou socialiser pendant les plus précieuses années de leur vie. Puisque tout le monde n’a pas été vacciné, beaucoup ne vivent toujours pas normalement, même sans restrictions. Mais les mandats gouvernementaux peuvent aggraver les choses en empêchant les gens de se socialiser et de gagner leur vie.

Les confinements contre les coronavirus constituent les attaques les plus importantes contre la liberté individuelle en Occident depuis la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, pas un seul gouvernement n’a publié une analyse coûts-bénéfices pour justifier les politiques de confinement — ce que les décideurs sont souvent tenus de faire quand ils prennent des décisions pourtant beaucoup moins conséquentes. Si mes arguments sont erronés et que les politiques de confinements sont efficaces en termes d’avantages-coûts, un document gouvernemental devrait pouvoir le démontrer. Aucun gouvernement n’a produit un tel document, peut-être parce que les fonctionnaires savent quelle en serait la conclusion.

M. Lemoine est licencié en informatique, détenteur d’une maîtrise en sciences politiques et d’une autre en philosophie, il est doctorant en philosophie de la science à l’Université Cornell et membre du Centre pour l’étude de la partisanerie et de l’idéologie (CSPI).

Voir aussi 

Covid-19 : étude affirme que confinement et fermeture des commerces ont peu d’utilité une fois mesures plus douces prises [cette étude est celle du Pr John Ioannidis, sa conférence sur ce sujet sous-titrée ci-dessous.]

 

 Angleterre — Autorités déclarent que les enfants du primaire ne devraient pas porter de masque    

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